lundi 9 avril 2012

Shit just got surreal!

Cela fait quelques années que ça me pend au bout des fesses, comme un de ces étrons longs et collants dont on ne sait jamais comment se débarrasser. Avec un titre de blog tel que le mien, on se serait attendu à ce qu’un tel article arrive bien plus tôt. Dernièrement, je parle beaucoup d’écriture, mais si peu de mon autre grand plaisir solitaire. Et bien aujourd’hui, tenez-vous le pour dit, je vais tout lâcher sous vos yeux ébahis.

Ecrire c’est comme chier…Je vous ai largement assez bassiné je pense avec le plaisir que j’éprouve à assouvir mes besoins souvent pressants d’écriture. Du délice ressenti, du soulagement infini quand je me vide sur une page blanche. Eh bien dites-vous que j’aime autant chier que j’aime écrire. Sans blague. Ceci n’est pas un effet d’annonce. Chier ça défonce ! Enfin, dans le bon sens du terme, mais parfois ça défonce littéralement, mais cela nous y reviendrons peut-être.


Toute ma vie, je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi la fonction d’excrétion était à ce point tabou dans notre société. Pourquoi ne peut-on aborder la défécation que sur le thème de la blague dans les médias ? Pourquoi ne peut-on pas parler ouvertement de ça en société ? Au même titre que la respiration, l’alimentation, l’hydratation, les fonctions de déjection sont naturelles et vitales. Nos aïeux l’avaient bien compris, eux. Il fut un temps où pour s’enquérir de la bonne santé de son entourage, on lui demandait si son passage à la selle s’était déroulé convenablement. « Ça va bien aujourd’hui ? ». Eh oui, l’expression vient de là. Quelle belle époque tout de même. On pouvait alors discuter sans honte de ses productions intestinales. C’était même un sujet de première préoccupation. Quel dommage que tout cela ait tant changé. A présent, je me vois mal répondre « Oui, très bien merci. J’ai démoulé un magnifique saucisson d’une belle couleur ambrée ce matin. » à mon chef, lorsqu’il me demandera comment ça va. Et oui, la pudibonderie est venue saccager tout ce qui avait du sens.

Arrêtons ces enfantillages autour du sujet, voulez-vous ? Je parle ici de choses très sérieuses. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais quelqu’un de constipé c’est un mort en sursis, une urgence médicale au même titre qu’un arrêt respiratoire. Pourquoi ne devrait-on aborder la scatologie uniquement que sur le mode de la blague potache ? Pourquoi les personnages de livres, de séries ou de films ne passent-ils plus de temps assis sur leur cuvette ? Autant de questions auxquelles je n’ai aucune réponse à apporter. Je voulais juste attirer votre attention, et il me semble qu’à présent je l’ai. Nous pouvons donc à présent parler de la chose entre amis et avec le sérieux qu’il se doit.

En amis, oui j’ai besoin de parler à des amis ici car la conversation prend un tour plutôt intime à présent. Je vous propose en effet de discuter un peu plus avant des petites joies qui entourent le passage à l’acte. Ne rougissez pas s’il vous plaît, nous sommes entre adultes. Avec une moyenne de deux étrons minimum par jour, on peut dire de moi que je suis quelqu’un qui va plutôt bien. Et si j’exhorte les gens à ne pas lire aux toilettes, à l’instar d’Henry Miller, c’est parce qu’il faut être à tout à ce qu’on fait pour en retirer quelque chose d’intéressant.

Prenez un jour le temps de réellement ressentir les choses. Si vous ne poussez pas comme un taré pour expulser votre « Number Two », vous pourrez alors le ressentir se balader dans votre colon. Sensation qui est loin d’être désagréable il faut l’avouer. Les homosexuels et autres adeptes de la sodomie l’ont bien compris. L’étape suivante, c’est le passage de l’anus, épreuve à laquelle la plupart d’entre nous échouent lamentablement, débitant, voir tronçonnant en petits morceaux ce qui aurait pu devenir un fier et robuste serpent. Soyez patients messieurs dames. Restez concentrés, laissez tomber quelques instants vos magazines car l’instant est grave. La délicatesse qu’exige l’opération d’expulsion va requérir beaucoup de vous, physiquement et mentalement. Il va falloir faire appel à la bonne dose de contraction abdominale et ne relâcher son sphincter anal qu’au moment opportun, avec un timing digne du saut en hauteur dans track’n field. La chirurgie du cerveau à côté de ça, c’est une partie de Dr Maboul. Parfois se présentent à nous des challenges toujours plus difficiles à relever. Une consistance particulièrement visqueuse, ou bien un diamètre à se défoncer le fondement. Devant ces adversaires plus tenaces, gardez votre sang-froid et réfléchissez à la bonne stratégie à adopter. Mais n’oubliez pas une chose, aussi dure que soit ce moment à passer, à un moment ça finira bien par sortir : alors courage !

Et vous voilà sorti vainqueur de cette lutte intestine, debout devant la cuvette, un air de triomphe sur le visage. La bataille fut âpre, mais la victoire n’en a que meilleur goût. Vous voilà vidé, mais remplit d’une immense fierté. Contemplez à présent l’ennemi défait, ou le chef d’œuvre que vous venez de créer. Je vous vois sourire, je vais trop loin peut-être ? Mais je suis plus que jamais sérieux. Regardez cette merde droit dans les yeux bon sang, vous lui devez bien ça !
Très tolérant et ouvert de nature, il n’y a qu’une seule catégorie de personne que je déteste : les gens qui répugnent à regarder avant de tirer la chasse. Cette engeance débile et si peu créative, manquant tout à fait de respect, d’estime et de considération pour leurs propres créations, sont les ennemis de l’humanité. Si d’ailleurs, vous faisiez partie de cette caste de mal torchés, je vous engage à quitter ce blog sur le champ. Je n’ai pas besoin de lecteurs dans votre genre. Ouste ! Dehors les culs serrés !

Mais je m’emporte, revenons donc à nos déjections. Soyez en fiers, ce sont vos créatures. Nées de votre travail, votre sueur et parfois votre sang. Appréciez-en la couleur, éprouvez mentalement son élasticité, absorbez-vous dans l’étude de sa forme. Cette crotte, c’est un peu de vous. Au-delà des pures émotions d’éveil artistique que pourra susciter en vous cette étude minutieuse, elle a également une fonction très pragmatique. En effet, l’état de vos selles vous renseignera sans faillir sur le bon fonctionnement du temple qu’est votre corps. Depuis l’aube des temps, la médecine a recouru à ce diagnostique certes rudimentaire mais d’une efficacité indiscutable. Devenez votre propre médecin, auscultez votre merde. La sécurité sociale, non, la France vous remerciera.

Pour les plus curieux d’entre vous, sachez qu’un éminent scientifique à mis en place une classification en différentes catégories de nos numéros deux. Grâce à ce saint homme, il nous est désormais possible de décrire avec efficacité et force détails nos plus belles réussites lors de diners en société. « Hier, je me suis délesté d’un type 3 à peau dorée d’une consistance exquise ». Vous repenserez à moi, je l’espère, quand votre auditoire se lèvera dans une standing ovation spontanée pour applaudir la justesse et la beauté poétique d’une telle description.

Ne vous reste plus qu’à tirer la chasse et regarder, la larme à l’œil, s’en aller votre nouvel ami. Oui, un ami. En si peu de temps, vous avez partagé tant d’épreuves… Je n’ai pas honte du mot, il s’agit bien d’un ami, un camarade. Si de purs soucis d’hygiène élémentaire ne m’en empêchaient, je le prendrai dans mes bras dans une ultime étreinte. Ne le quittez pas des yeux tandis qu’il tourbillonne dans la cuvette. Tel Santiago, dans le vieil homme et la mer, regardez le fruit de tant d’efforts, de batailles et de vains espoirs se faire emporter par l’inéluctable destin.

C’EST L’HISTOIRE DE LA VIIIIIIEEEEEEEEEEE ! LE CYCLE ETERNEEEEEEEEEEEEEEL ! Adieu l’ami… A jamais !

5 commentaires:

Last Equinoxx a dit…

Tiens, tu n'as pas dit "caca". Un choix ?

RiyeT a dit…

Sûrement un acte manqué. Histoire de relever le niveau.

CaliKen a dit…

J'éprouve moi aussi un grand plaisir épicurien à aller déféquer. D'ailleurs, je crois que c'est le chanteur Philippe Katerine qui garde ses oeuvres dans des tupperwares, comme quoi, tu n'as rien d'un extra-terrestre (lui par contre...)

Il y a quelque chose de l'ordre de l'accouchement lors du caca, et je te rejoins tout à fait dans ton texte. Je pense d'ailleurs, qu'entre mecs, ça nous arrive souvent d'en parler (du moins au boulot), car on s'assure de notre bonne digestion, de notre santé, et tout et tout.

Superbe article. (Et je découvre ton blog au passage, je ne savais pas que tu écrivais !)

A bientôt mec ;)

RiyeT a dit…

Merci Caliken!
Moi j'ai hâte de lire le chapitre 2!
A plus!

Zir, Vizir a dit…

Vous faites une étude minutieuse de la chose. Comme Freud avec sa psychanalyse, vous avez pensé et repensé ce sujet qui vous passionne... jusqu'à l'obsession ? C'est l'impression que donne ce condensé de merde.
Oh, pas une obsession forcément perverse. Quoique... si on reprend l'exemple de Freud, c'était un grand névrosé. Il dirait d'ailleurs que vous n'avez pas dépassé votre phase annale, mais reconnaîtra comme vous que prendre du plaisir sur le trône est une chose tout à fait naturelle.

Quand vous parlez du tabou du caca dans notre société, vous feignez l'ignorance, mais il est évident que, toute partie de nous que nos déchets sont, ils n'en restent pas moins des déchets, des restes d'aliments traités par notre organisme et dont on a retiré tout ce qui est bon. Ce qui reste est au pire sale, au mieux inutile.

Vous dites que faire ses gros besoins n'est pas aussi abordé que la respiration ou l'alimentation. Alors là je dis non ! Dans la langue courante, on utilise aussi bien "On étouffe ici" (respiration) que "Tu fais chier" (défécation" (avec peut-être même une plus grande utilisation de cette dernière).
En outre, que ce ne soit pas traité dans les média, là aussi je m'interpose : la merde est un résultat et non pas une cause. Qu'il y ait plus de reportage sur comment bien manger que comment bien expulser ce qui reste, c'est bien parce que la deuxième proposition est la conséquence de la première, et qu'agir sur la deuxième ne se fait qu'en agissant sur la première.

En outre, j'apprécie l'anal-ogie chier-crire. Comme laisse comprendre votre introduction, vous vous êtes longtemps retenus avant de pondre cet article (c'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer cette impression de condensation que j'ai eu tout à l'heure). Même si je n'ai jamais ressenti l'envie d'écrire comme un besoin, je conçoit l'écriture comme le résultat final d'un procédé commençant par l'ingestion d'information qui nous entoure, puis se poursuivant dans un longue digestion, traitements conscients et inconscients.

___Zir