jeudi 12 avril 2012

Le pervers

Note de l'auteur:
 Le texte qui va suivre est très particulier et va sûrement vous choquer. Mais surtout, si vous décidez de le lire, LISEZ LE JUSQU'A LA FIN car il n'est pas dénué de sens.
Pour ce texte, il fallait que je me dépasse, que je repousse mes limites habituelles. Fini, la sensualité et l'érotisme. Aller chercher du côté obscure de la perversité, la déviance, la maladie mentale. C'était un travail assez éprouvant. Mais enrichissant dans un sens.
Je le répète, je suis quelqu'un d'équilibré et de sain d'esprit, alors si vous ne lisez pas jusqu'à la fin, vous ne saurez pas ce que je voulais dire avec ce texte. Âmes sensibles et -18 ans s'abstenir.



Lorsque je t’ai aperçue, me donnant si innocemment le dos,  j’ai tout de suite su que ça serait toi. Jambes finement galbées dans un collant résille à motifs. De petites fesses rebondies moulées dans un très court short en jean coupé. Un large T-shirt gris imprimé "BITCH", repose mollement sur ton corps, épousant l'arrondi de tes seins, glissant de ton épaule, découvrant largement ta nuque bronzée, marquant la cambrure de tes reins. De longs cheveux châtains clairs aux mèches blondes qui ruissellent dans ton dos. Une silhouette élancée, pleine de vie. Une étudiante sûrement. Pourtant, un charme adolescent.
Malheureusement,  je ne peux plus m’attarder dans l’étude de ton corps, la masse compacte des salariés pressés derrière moi exige, par poussées intermittentes, que je m’avance enfin dans la rame. Les passagers ont fini de descendre, l’instant est crucial. En quelques foulées, parvenir à me placer près de toi et laisser la foule faire le reste du travail. Au fur et à mesure que le wagon se remplit nos corps se rapprochent, s’effleurent, puis se touchent totalement. Tu dodeline de la tête en secouant tes cheveux, l’air de rien, de la musique dans les oreilles. Le signal de fermeture des portes retentit, mais des gens continuent de monter au mépris d’élémentaires soucis de civilité. Je les en remercie, car à présent mon corps est totalement blotti contre le tien. Ma pauvre enfant, te voilà tout à fait coincée contre la barre, emprisonnée par une muraille d’épaules et de mallettes.
Et derrière toi, il y a moi, emboité dans une position inextricable. En équilibre précaire, les bras soudés les long du corps par la pression des autres usagers, incapable de faire le moindre mouvement pour me dégager. La foule nous comprime l’un contre l’autre. Mon entrejambe collé à ton short, mon buste tout serré contre ton dos. La plupart des gens seraient terriblement gênés dans une telle position, mais moi, je ne boude pas mon plaisir. Les portes se ferment enfin et le train se met en branle, ballotant nos corps l’un contre l’autre. Tu es plus petite que moi, ainsi j’ai le nez au sommet de ton crâne que je peux humer à loisir. Tes cheveux sentent bon. Une senteur exotique et sucrée. Dans tes fines oreilles au duvet doré, des écouteurs diffusent une musique que je ne reconnais pas. Quelque chose de rythmé en tout cas. Tu te balances, ondules, imperceptiblement au rythme de la musique, pressant de tes fesses mon sexe qui durcit.
Tu sais ce que tu fais, provocante. Peu à peu tu me rends fou.  Ton parfum m’intoxique, parasite mon cerveau. Ces légers frottements de nos tissus, je les ressens à présent dans tout mon corps. Chaque fibre résonne en moi.  Peu à peu je me laisse envahir par la montée du désir. Une intense chaleur diffuse depuis mon bas ventre à travers tout mon corps. La chaleur de ses cuisses, de son con qui m’attend. Mon sexe, s’est fait pierre, palpitant et sensible, prêt à exploser. Des bouffées de chaleur m’envahissent par vagues successives et tu continues de danser. Insolente petite pute. Tu fais semblant que je n’existe pas, mais tu as mis le feu aux poudres. Je ne cherche pas à juguler les émotions contradictoires qui m’assaillent, je me laisse envahir tout à fait. Délicieuse perte de contrôle programmée. Le corps qui palpite au rythme du sang pulsant dans ma verge. Les poumons saturés de sensations qui affluent. La peau à vif. Ma raison se dilue un peu plus à chacun de tes mouvements de bassin. Et le parfum de tes cheveux qui me rend fou. Il monte à mon cerveau détruire mes neurones, dissoudre ma volonté.
Ce moment où mon corps semble développer sa propre conscience, je presse un peu plus mon aine contre tes fesses. Tu fais mine de soudain réaliser ma présence. Tu te retournes, feignant un air indigné en sentant mon vit qui palpite entre tes fesses rebondies. Le rouge t’es venu aux joues. C’est mon sexe qui te met dans de tels états jeune fille ? Tu n’as pas à faire semblant devant ces gens, avec cet air outré. Ton regard noir, ta petite bouche boudeuse. J’imagine ces lèvres minuscules qui s’ouvrent en grand pour engloutir ce tison ardent qui brûle mes cuisses à présent. J’ai soudain envie de lécher ce visage mutin. De t’agripper violemment par les joues et parcourir tes paupières, ton front, ton menton avec ma langue. Te salir car tu es tellement belle. Petite garce, tu fais bien semblant d’être dérangée alors que tu m’excites depuis tout à l’heure avec ce corps effronté. Ce que j’aimerais libérer de leur prison ces seins ronds qui donnent un si joli relief à ton T-shirt. Mon corps frémit tout entier à l’idée qu’il serait si facile de déchirer ce bout de tissu inutile. Déchiqueter ces fripes pour admirer la splendeur de cette peau ferme et délicatement ambrée, la façon dont se tiennent tes seins. T’arracher ce short, déchirer tes sous-vêtements, tes collants. Caresser cette toison bien entretenue en petit triangle, car tu es ce genre de jeune fille perverse qui jouent les innocentes mais qui s’épilent le sexe pour se faire prendre par le premier venu. J’enfilerai deux doigts dans ton con déjà trempé, car tu mouilles, oui je le vois bien malgré tes faux airs outrés. Je me délecterai de cette expression lubrique qui passera sur ton visage d’ange quand mes doigts s’enfonceront profondément. Très vite, je n’y tiendrais plus, enlevant mon pantalon d’un geste, je planterai mon vit brûlant en toi. A voir ton corps si menu, tu dois avoir une chatte bien serrée. Quelle bonheur ça serait de le sentir s’enrouler autour de moi, me presser la moelle, me téter jusqu’à la dernière goutte. Mon cœur s’emballe. Rien que d’y penser, j’ai du mal à respirer, je deviens fiévreux.
Je dois faire peur à voir car tu prends un air dégouté. Tu as réveillé la bête tapie au fond de moi, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tu ne peux même pas fuir, le destin nous a réunis et la foule nous tient prisonniers l’un de l’autre. Avec de minuscules pas, tu tentes de passer de l’autre côté de la barre, mettre un obstacle entre nous. Mais l’entreprise n’est pas aisée. Des employés de bureau, tailleurs et costumes, casques sur les oreilles, livres à la main, t’empêchent de progresser du moindre centimètre. Tu te tortilles néanmoins frénétiquement dans l’espoir de m’échapper, mais ces mouvements nerveux de fesses et de bassin frottent énergiquement mon entrejambe d’une délicieuse façon. Je me presse encore un peu plus contre toi. Mon cerveau est vide, mon esprit est blanc, ma poitrine me fait mal. Tu te démènes à présent pour tenter de mettre de la distance entre nous. Ton corps mince qui se trémousse. Je perds la raison. Je ne suis plus qu’un pénis turgescent et des couilles vibrantes, prêtes à exploser.
Je t’imagine nue à nouveau. Je suis derrière toi. Je m’enfonce dans ton petit cul serré. Tu t’agites nerveusement en poussant de petits gémissements de truie en chaleur. Ta crinière qui ondule, ta peau bronzée. Tes fesses fermes qui rebondissent au rythme de mes reins. Je viens d’atteindre le point de non-retour. Je vais jouir je le sens. Ici, dans cette voiture de RER. Debout, au milieu de ces inconnus. Je ne vois plus rien. Comme un poisson, ma bouche s’ouvre et se ferme à la recherche d’un oxygène disparu. Chaque muscle de mon corps se tend à l’extrême. Mes mains agrippent tes deux poignets que j’attire à moi avec force. Collée contre moi, tu te débats en hurlant. Je n’entends plus. Je ne vois plus. Mais dans ma tête j’ai ton visage. Ta petite bouche aux lèvres d’un rouge tapageur entrouverte dans l’attente de ma semence. Ton regard espiègle qui m’invite à jouir sans retenue. Ce visage de petite catin lubrique.
Ah…J’y suis. Vite ! A la hâte je baisse ma braguette et place mon sexe dans tes mains. Je jouis. Un long et puissant râle s’envole de ma gorge tandis que j’envoie la purée. Dans mon rêve, je t’éclabousse et recouvre ton beau visage de giclées blanches que tu lapes goulument et recueilles du bout du doigt. Dans le RER, je sens tes doigts qui tentent de m’échapper, mais l’extase me donne une puissance insoupçonnée. De longs jets brûlants viennent souiller tes petites paumes et tes vêtements sexys. Ca ne veut pas s’arrêter. J’agite frénétiquement tes mains poisseuses sur mon vit. Je jouis sans fin et mes poumons vibrent de ce cri qui me vide.
En entendant tes cris de panique et mon hurlement bestial, les gens se sont écartés et tu réussis à te dégager. La foule me regarde partagé entre le dégout et la haine. Je les vois comme à travers la brume, spectres d’une autre réalité. Je suis un monstre. Le sexe à l’air, je continue de jouir, le corps secoué de spasmes. Et puis le premier coup s’abat sur moi, me ramenant à la réalité. Au visage, de plein fouet. Je recule en titubant sous l’impact et les gens s’écarte sur mon passage. Je suis une ordure dégoutante, personne ne saurait vouloir me toucher. Ca ne s’arrête pas tout de suite pourtant. Encore tétanisé de plaisir, je reprends enfin mon souffle et la douleur me cueille stoppant net tous résidus de plaisir. La brume disparaît soudain. Ils sont là, tous à me regarder. Les poings serrés, les mâchoires crispées. Derrière eux tu pleures. Calmement, mais d’un geste rapide, je remets mon sexe en place et referme ma braguette. Au moins ça qu’ils n’auront pas. Ils vont me tabasser je le sais, pour se défouler un peu sur le pervers. Et puis ils appelleront la police. Je peux endurer leurs coups. Je peux endurer l'emprisonnement. Ça ne me dérange pas. La prison est un endroit confortable, et je n’y serai sûrement pas très longtemps de toute façon. Je suis un homme patient. Après quelques temps, je sortirai de nouveau. J'arpenterai les rames de RER bondés, à la recherche d’une nouvelle fille docile comme toi.

lundi 9 avril 2012

Shit just got surreal!

Cela fait quelques années que ça me pend au bout des fesses, comme un de ces étrons longs et collants dont on ne sait jamais comment se débarrasser. Avec un titre de blog tel que le mien, on se serait attendu à ce qu’un tel article arrive bien plus tôt. Dernièrement, je parle beaucoup d’écriture, mais si peu de mon autre grand plaisir solitaire. Et bien aujourd’hui, tenez-vous le pour dit, je vais tout lâcher sous vos yeux ébahis.

Ecrire c’est comme chier…Je vous ai largement assez bassiné je pense avec le plaisir que j’éprouve à assouvir mes besoins souvent pressants d’écriture. Du délice ressenti, du soulagement infini quand je me vide sur une page blanche. Eh bien dites-vous que j’aime autant chier que j’aime écrire. Sans blague. Ceci n’est pas un effet d’annonce. Chier ça défonce ! Enfin, dans le bon sens du terme, mais parfois ça défonce littéralement, mais cela nous y reviendrons peut-être.


Toute ma vie, je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi la fonction d’excrétion était à ce point tabou dans notre société. Pourquoi ne peut-on aborder la défécation que sur le thème de la blague dans les médias ? Pourquoi ne peut-on pas parler ouvertement de ça en société ? Au même titre que la respiration, l’alimentation, l’hydratation, les fonctions de déjection sont naturelles et vitales. Nos aïeux l’avaient bien compris, eux. Il fut un temps où pour s’enquérir de la bonne santé de son entourage, on lui demandait si son passage à la selle s’était déroulé convenablement. « Ça va bien aujourd’hui ? ». Eh oui, l’expression vient de là. Quelle belle époque tout de même. On pouvait alors discuter sans honte de ses productions intestinales. C’était même un sujet de première préoccupation. Quel dommage que tout cela ait tant changé. A présent, je me vois mal répondre « Oui, très bien merci. J’ai démoulé un magnifique saucisson d’une belle couleur ambrée ce matin. » à mon chef, lorsqu’il me demandera comment ça va. Et oui, la pudibonderie est venue saccager tout ce qui avait du sens.

Arrêtons ces enfantillages autour du sujet, voulez-vous ? Je parle ici de choses très sérieuses. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais quelqu’un de constipé c’est un mort en sursis, une urgence médicale au même titre qu’un arrêt respiratoire. Pourquoi ne devrait-on aborder la scatologie uniquement que sur le mode de la blague potache ? Pourquoi les personnages de livres, de séries ou de films ne passent-ils plus de temps assis sur leur cuvette ? Autant de questions auxquelles je n’ai aucune réponse à apporter. Je voulais juste attirer votre attention, et il me semble qu’à présent je l’ai. Nous pouvons donc à présent parler de la chose entre amis et avec le sérieux qu’il se doit.

En amis, oui j’ai besoin de parler à des amis ici car la conversation prend un tour plutôt intime à présent. Je vous propose en effet de discuter un peu plus avant des petites joies qui entourent le passage à l’acte. Ne rougissez pas s’il vous plaît, nous sommes entre adultes. Avec une moyenne de deux étrons minimum par jour, on peut dire de moi que je suis quelqu’un qui va plutôt bien. Et si j’exhorte les gens à ne pas lire aux toilettes, à l’instar d’Henry Miller, c’est parce qu’il faut être à tout à ce qu’on fait pour en retirer quelque chose d’intéressant.

Prenez un jour le temps de réellement ressentir les choses. Si vous ne poussez pas comme un taré pour expulser votre « Number Two », vous pourrez alors le ressentir se balader dans votre colon. Sensation qui est loin d’être désagréable il faut l’avouer. Les homosexuels et autres adeptes de la sodomie l’ont bien compris. L’étape suivante, c’est le passage de l’anus, épreuve à laquelle la plupart d’entre nous échouent lamentablement, débitant, voir tronçonnant en petits morceaux ce qui aurait pu devenir un fier et robuste serpent. Soyez patients messieurs dames. Restez concentrés, laissez tomber quelques instants vos magazines car l’instant est grave. La délicatesse qu’exige l’opération d’expulsion va requérir beaucoup de vous, physiquement et mentalement. Il va falloir faire appel à la bonne dose de contraction abdominale et ne relâcher son sphincter anal qu’au moment opportun, avec un timing digne du saut en hauteur dans track’n field. La chirurgie du cerveau à côté de ça, c’est une partie de Dr Maboul. Parfois se présentent à nous des challenges toujours plus difficiles à relever. Une consistance particulièrement visqueuse, ou bien un diamètre à se défoncer le fondement. Devant ces adversaires plus tenaces, gardez votre sang-froid et réfléchissez à la bonne stratégie à adopter. Mais n’oubliez pas une chose, aussi dure que soit ce moment à passer, à un moment ça finira bien par sortir : alors courage !

Et vous voilà sorti vainqueur de cette lutte intestine, debout devant la cuvette, un air de triomphe sur le visage. La bataille fut âpre, mais la victoire n’en a que meilleur goût. Vous voilà vidé, mais remplit d’une immense fierté. Contemplez à présent l’ennemi défait, ou le chef d’œuvre que vous venez de créer. Je vous vois sourire, je vais trop loin peut-être ? Mais je suis plus que jamais sérieux. Regardez cette merde droit dans les yeux bon sang, vous lui devez bien ça !
Très tolérant et ouvert de nature, il n’y a qu’une seule catégorie de personne que je déteste : les gens qui répugnent à regarder avant de tirer la chasse. Cette engeance débile et si peu créative, manquant tout à fait de respect, d’estime et de considération pour leurs propres créations, sont les ennemis de l’humanité. Si d’ailleurs, vous faisiez partie de cette caste de mal torchés, je vous engage à quitter ce blog sur le champ. Je n’ai pas besoin de lecteurs dans votre genre. Ouste ! Dehors les culs serrés !

Mais je m’emporte, revenons donc à nos déjections. Soyez en fiers, ce sont vos créatures. Nées de votre travail, votre sueur et parfois votre sang. Appréciez-en la couleur, éprouvez mentalement son élasticité, absorbez-vous dans l’étude de sa forme. Cette crotte, c’est un peu de vous. Au-delà des pures émotions d’éveil artistique que pourra susciter en vous cette étude minutieuse, elle a également une fonction très pragmatique. En effet, l’état de vos selles vous renseignera sans faillir sur le bon fonctionnement du temple qu’est votre corps. Depuis l’aube des temps, la médecine a recouru à ce diagnostique certes rudimentaire mais d’une efficacité indiscutable. Devenez votre propre médecin, auscultez votre merde. La sécurité sociale, non, la France vous remerciera.

Pour les plus curieux d’entre vous, sachez qu’un éminent scientifique à mis en place une classification en différentes catégories de nos numéros deux. Grâce à ce saint homme, il nous est désormais possible de décrire avec efficacité et force détails nos plus belles réussites lors de diners en société. « Hier, je me suis délesté d’un type 3 à peau dorée d’une consistance exquise ». Vous repenserez à moi, je l’espère, quand votre auditoire se lèvera dans une standing ovation spontanée pour applaudir la justesse et la beauté poétique d’une telle description.

Ne vous reste plus qu’à tirer la chasse et regarder, la larme à l’œil, s’en aller votre nouvel ami. Oui, un ami. En si peu de temps, vous avez partagé tant d’épreuves… Je n’ai pas honte du mot, il s’agit bien d’un ami, un camarade. Si de purs soucis d’hygiène élémentaire ne m’en empêchaient, je le prendrai dans mes bras dans une ultime étreinte. Ne le quittez pas des yeux tandis qu’il tourbillonne dans la cuvette. Tel Santiago, dans le vieil homme et la mer, regardez le fruit de tant d’efforts, de batailles et de vains espoirs se faire emporter par l’inéluctable destin.

C’EST L’HISTOIRE DE LA VIIIIIIEEEEEEEEEEE ! LE CYCLE ETERNEEEEEEEEEEEEEEL ! Adieu l’ami… A jamais !

jeudi 5 avril 2012

This is the End - Episode 4


"Je suis prêt.", lance Jérôme à son reflet dans le miroir. Les mâchoires serrées, un regard vert métallisé planté dans les yeux de son double, il répète la phrase à nouveau. "Je suis prêt !" Il recommence sans se lâcher du regard, plus fort encore. "JE SUIS PRET !!" De l’écume gicle de ses lèvres. Une dernière fois, calmement, le regard froid, en prenant soin de bien détacher chaque mot, il répète une dernière fois son mantra à mi-voix. "Je suis prêt." Une batte de baseball dans la main gauche, un pistolet à clou dans la main droite, il se retourne lentement et fait face à la porte d’entrée de son appartement avec résolution. Dans son dos, un gros sac remplit de surprises pour ses éventuels assaillants dont il réajuste machinalement les bretelles. Jérôme est prêt, il l’a toujours été.





Dès son plus jeune âge, quand on lui parle de l’apocalypse au catéchisme, il comprend qu’il ne s’agit pas que d’une histoire pour faire peur aux hérétiques. Il pressent que la fin du monde, la fin du monde tel que nous le connaissons, arrivera un jour. Pas forcément comme le décrit la Bible, mais un jour le monde se trouvera bouleversé de façon irréversible. Du haut de ses 7 ans, il en est intimement convaincu. Et depuis ce jour, il se prépare. En empruntant à la bibliothèque toutes sortes d’ouvrages traitant de près ou de loin de la survie en conditions extrêmes. Certains sérieux, d’autres complètements délirants. Il les lit tous, sélectionnant et notant les idées, les situations, les conseils qu’il juge importants pour s’en faire un guide de règles pratiques de survie en cas de fin du monde. Toutes ces règles, il les connait encore par coeur. Ça lui arrive encore de compléter son guide, un vieux cahier spirale à petits carreaux, avec des conseils de sagesse supplémentaires glanés dans des comics sur les zombies ou encore auprès de ses co-instructeurs pendant un stage de survie. Dans les soirées, ses amis lui demandent régulièrement de réciter telle ou telle règle en ouvrant le cahier à une page au hasard. Un excellent entraînement : l’alcool simulant un état de confusion mentale similaire à celui provoqué par le stress de fin du monde.

Mais Jérôme ne s’est pas contenté de créer un guide non-officiel à la survie in-apocalypse, il a aussi décidé de développer et d’entraîner son corps. Ainsi, dès l’adolescence, il se met à pratiquer le Krav Maga, discipline qu’il pratique encore, en tant qu’instructeur. Aucune technique de frappe, d’immobilisation, de soumission ne lui est étrangère. Il a fait de son corps une machine à briser des os bien huilée et efficace. Les arts martiaux ne lui suffisant plus, ces dernières années il s’est mis à la gymnastique et à la pratique du "Parkour", afin de développer une faculté de déplacement créative en fonction de son environnement. La fuite n’étant parfois pas qu’une simple option, il a élevé son sens de l’équilibre et la qualité de ses mouvements bien au-dessus de la moyenne.


Lors de ses stages de Krav Maga avec les militaires Israéliens, il apprend le maniement des armes. Armes blanches, couteaux, machettes, bâtons, tonfas, armes à feu, armes de poing, fusils d’assauts, fusils de précision. Il touche à tout. Malheureusement, la possession d’arme n’est pas une chose très simple en France, il renonce donc à en acheter. Avoir un permis d’arme est quelque chose de bien trop contraignant. C’est comme déclarer à la police : « Je suis dangereux, suspectez moi à la moindre fusillade svp ». De plus, dans une situation de survie en milieu apocalyptique, il lui arrivera sûrement de devoir transgresser un bon paquet de lois et de tabous moraux, allant de l’assassinat au viol. Aucun besoin, dans ces conditions, d’attirer d’avantage l’attention sur lui avant même l’avènement de la fin.






Jérôme est prêt donc. Prêt pour une petite expédition de ravitaillement, de pillage devrait on plutôt dire. Mr Pringles est sorti de sa télévision pendant la pub ce matin, alors qu’il était en train de prendre le petit déjeuner. Une sacrée surprise. Aucune poêle, couteau, assiette qu’il lui lança en s’enfuyant ne semblait l’entamer. Le moustachu 2D se contenta de gober les projectiles qu’il mâcha dans un croustillement tonitruant. Et puis, dans la panique il parvint à se fabriquer un lance-flamme de fortune avec une bombe désodorisante et un briquet. Le moustachu blafard s’enflamma dans un cri aigu de surprise, puis à la manière d’une photo qu’on brûle, se racorni, recroquevillé en boule incandescente avant de disparaître en fumée. Passé la surprise initiale, Jérôme s’était dit que ça avait commencé. La fin du monde tel qu’on le connaît.


Il est donc temps de faire quelques courses, la fin du monde ça creuse. Le voilà donc en train de claquer la porte de son appartement derrière lui et descendre les escaliers à petits pas. En chemin, il croise son voisin du 2e qui le salue cordialement, pas inquiet pour un sou. "Vous allez faire du bricolage ?" lui demande-t-il. Jérôme regarde un instant la batte dans sa main gauche, puis le pistolet à clou dans sa droite. "Oui, en quelque sorte." répond Jérôme poliment avant de reprendre sa descente. Sur le pas de la porte cochère, maintenue ouverte par un crochet, il prend une grande inspiration. Fin du monde me voici.





Pas de voiture en feu, pas de panique, pas de hurlements, pas de pillards non plus. Jérôme se sent un peu bête de s’être monté le bourrichon pour si peu. Les passants le dévisagent curieusement, tandis qu’il range son pistolet à clou et sa batte de baseball dans le sac de sport, un peu honteux. Pendant ce temps, Benjamin tente de créer une diversion en poussant Jenny à découvert sur le parvis de la Défense. L’inspecteur Malterre regarde, impuissant, refroidir son café, un téléphone différent collé à chaque oreille : Le GIGN et la préfecture. Ça doit être le début se dit Jérôme. L’apéro-fin-du-monde, les amuses gueules apocalyptique. Il avance en fixant ses pieds d’un air concentré au gré des rues du XIIIe arrondissement de Paris. Tant qu’à être sorti de son appartement, il va en profiter pour faire quelques courses. En attendant qu’il y ait du feu, de la panique, des pillages et des morts. Direction place d’Italie.





Ben s’est pris une balle dans en pleine tête et pourtant son corps n’est plus dans l’escalier qu’il tentait de rejoindre. Jenny ouvre la portière pour sauter hors d’un taxi qui fonce en zigzag vers l’entrée du commissariat de la Défense. L’inspecteur Malterre, d’un coup de volant rapide, évite le corps de la jeune asiatique qui vient pratiquement de se jeter sous ses roues. Jérôme, quant à lui, se demande si demain il y aura la vraie fin du monde. Il glisse distraitement une boîte de maïs dans son panier en plastique rouge prêt à déborder. « Promotion sur les sachets de réglisse Haribo ! Profitez de notre offre exceptionnelle : -30% sur les sachets de réglisse Haribo. Aujourd’hui seulement ! Haribo c’est beau la vie ! Rendez-vous dans votre rayon confiserie. » "Chic !" se dit-il, grand amateur de réglisse. Immédiatement, ses pas l’entraînent vers le rayon de la tentation. Son panier est déjà rempli à craquer de nourriture en boite, et son bras gauche, chargé d’un lourd pack d’eau, commence à le faire souffrir mais la promesse d’un petit extra le fait tenir." Le glucose c’est bon pour le cerveau" se ment-il pour se donner bonne conscience. Fin du monde ou pas, quand on est gourmand…




Dans le rayon, il y a une petite fille et sa mère qui regardent tétanisées quelque chose en face d’elles. La petite fille d’environ 6 ans porte une robe noire moulante et une doudoune courte à paillette qui lui donne une allure de pute pré-pubère. Elle pointe du doigt quelque chose non loin et regarde sa mère avec exaltation. « Regarde Maman. C’est Haribo pour de vrai ! ». La mère, une énorme femme maquillée de façon outrancière, et comme contenue par ses propres vêtements, ne quitte pas des yeux l’apparition en plein milieu du rayon. Elle regarde, incrédule, le petit garçon bouffi, la peau rose, T-shirt jaune et pantalon rouge, un poing sur la hanche et dans la main droite une énorme bobine de réglisse noire. Il rit sans bruit, hoquetant, la bouche énorme, les yeux au ciel. Sans gestes brusques, mais avec rapidité, Jérôme s’accroupit. Faisant passer son sac devant lui sans quitter des yeux l’improbable scène qui se déroule sous yeux, il remplit son sac avec le contenu de son panier et quelques bouteilles d’eau. Pillage préventif. « On va oublier les bonbons pour le moment » songe-t-il en faisant repasser le sac rempli dans son dos.


Lorsqu’il se relève, personne n’a bougé. Le petit Haribo continue de se gausser en sourdine, la grosse maman et sa fille continuent de le fixer, le souffle coupé. Jérôme quant à lui, hésite sur le plan d’action à adopter. Son instinct lui ordonne de s’en aller au plus vite. Mais la curiosité le pousse à rester pour en savoir un peu plus. Plus il en sait, sur ce qui se passe, mieux il pourra se préparer. Le petit à grosse tête continue de hoqueter, expirant de l’air sans jamais avoir besoin d’en inspirer. Il ne ressemble absolument pas à un vrai petit garçon. Ses traits grossiers de bande dessinée, ce corps rose qu’on dirait en carton-pâte, ces gros cheveux noirs brillants de Playmobil. Une impression malsaine se dégage de la chose. Comme si une personne de petite taille avait enfilé un costume, mais Jérôme sait que ce n’est pas d’un costume dont il s’agit. Ce corps bouge trop naturellement. C’est quelque chose qui existe, alors que ça ne devrait pas. Ca lui file la chair de poule. Finalement, le bonhomme rose s’arrête de rire d’un seul coup, sans crier gare. Comme s’il se réveillait, hypnotisé par son propre rire. Son regard mauvais de petit garnement mal proportionné se pose sur les trois spectateurs qui l’observent depuis tout à l’heure. « J’ai peur Maman! » se met à geindre la petite fille en s’accrochant au pylône qui sert de jambe à sa génitrice. Celle-ci commence à s’énerver pour masquer son malaise dans un fort accent du Nord. « Eh toua, cha vo po d’faire pleurer mo fille comme cho ?! ». Elle agite ses bras en tous sens pour donner de la légitimité à son propos, sa graisse se met en branle et ne semble jamais vouloir s’arrêter. A peine a-t-elle le temps de finir sa phrase qu’elle se retrouve le cou entouré de réglisse. La main crispée sur le pistolet à clou, Jérôme lève le bras et met en joug Haribo. La mère lui lance un regard suffoqué. Elle n’a rien vu venir. Le geste du marmot en culotte rouge était bien trop rapide. Les yeux de la grosse nordiste crient les mots qu’elle n’arrive pas à prononcer « A l’aide! ». La petite fille se met à hurler de terreur. Le garçon bonbon fixe Jérôme avec un sourire narquois, le défiant d’utiliser son arme. L’espace d’une seconde le temps est suspendu, ils se fixent tous deux, indécis. Subitement un flash de lumière verte parcourt à toute vitesse le cordon de réglisse jusqu’à la grosse dame, changée sur le coup en un gigantesque bonbon gélatineux vert. La petite fille recule dans un sursaut de stupeur. Là où se trouvait sa mère, il y a désormais une grosse forme verte, translucide criblée de bulles d’air immobiles. « N’oubliez pas la promotion exceptionnelle sur les paquets de réglisse Haribo ! 30% de réduction, ça ne se rate pas. Haribo, c’est beau la vie ! » Par pur réflexe involontaire, les yeux de Jérôme se sont tournés vers les hauts parleurs pendant la courte et tonitruante annonce. Lorsque son regard revient au rayon confiserie, ce n’est plus un, mais deux bonhommes Haribo engoncés dans leurs pantalons rouges qui le fixent avec des yeux plein de malice. Finis les amuses gueules se dit Jérôme, on vient de passer au plat de résistance. La fin du monde tel que nous le connaissons.





Les deux garçons bonbons échangent un bref regard puis se retournent de concert vers Jérôme qui tient toujours le pistolet à clou tendu vers l’un d’eux. « Ca sent mauvais. » Sans réfléchir plus avant, il fait feu. Quand on tire, on raconte pas sa vie dirait Clint. Un clou vient se planter entre les deux yeux du premier Haribo dans un bruit flasque. La tête du bonhomme est projetée en arrière. La réglisse avec laquelle il tient la grosse dame transformée en croco géant se rembobine rapidement dans sa main, à la manière d’un mètre mesureur de chantier. Haribo, la tête toujours renversée en arrière recommence à hoqueter dans un rire silencieux. Son jumeau l’imite aussitôt, observant, le visage hilare, la tête rose toujours renversée de son camarade, un grand clou planté entre les deux yeux. Cet éclat de rire muet est pire que toutes les visions d’horreur, de corps mutilés, de zombies, ou de chiens de l’enfer que Jérôme s’était préparé à affronter. Devant ces deux gros enfants malsains, difformes, et plastiques qui tressautent à l’unisson avec un regard torve et un sourire mauvais aux lèvres, il se sent démuni. Pour la première fois de sa vie, il ressent la peur de la mort. Impuissance totale. Soudain, il remarque que les deux bras qui tiennent les réglisses chez les frères Haribo sont en train de s’armer. Son sang ne fait qu’un tour. Il va finir comme la grosse dame.

D’un bond sur le côté, il se place derrière la petite fille qui n’a cessé de sangloter depuis la mort de sa mère et la soulève prestement par les dessous de bras. La team Haribo envoie ses rubans de réglisse fouetter l’air en direction des deux cibles en mouvement. Jérôme se sait perdu. Dans cette position, avec la petite fille dans les bras, impossible d’esquiver à temps. Toutes ces années d’entraînements pour rien? Mourir bêtement en essayant de sauver une petite poupée Barbie? L’amertume et le désespoir l’envahissent tandis que les bouts de réglisses se rapprochent au ralenti derrière lui. Il ne peut pas mourir. Pas comme ça en tout cas. Il s’est entraîné toute sa vie pour ce moment. Il était prêt pourtant. Il est toujours prêt. « Je suis prêt bande d’enculé! » hurle-t-il en se retournant. Utilisant toutes les fibres musculaires de son corps, il fait pivoter son buste et balance la petite fille innocente en plein sur la trajectoire des rubans de réglisse. Touchée de plein fouet, celle-ci explose en criant de surprise dans un grand éclair rouge en milliers de petits bouts de gelée rose qui s’éparpillent dans les rayons alentours.


Jérôme prend la tangente sous une pluie de bonbons acidulés au bon goût d’enfant. Un sourire féroce mange la moitié de son visage. La morveuse a détourné la trajectoire des fouets en réglisse, il a toute latitude pour s’en aller. Il est né pour vivre ce genre de moments intenses. Le réveil du monstre. A présent, plus que jamais : il est prêt!





It's the end of the world baby!