samedi 20 juin 2009

Projet Purple Bob: Vincent

Une coupe de champagne à la main, Vincent est le prince des débuts de soirée réussis. Les gens papillonnent autour de lui, attirés par son charisme et son sens inné de la fête. Quelque soit la personne qui se présente à lui, il a toujours un bon mot. Un truc catchy qui fait rire et laisse une forte impression. Il en a un plein carnet de ces phrases toutes faites. Quand il en trouve une nouvelle, il la note. Vincent se ballade dans la galerie, arborant un air absorbé, contemplant des photos qui ne lui évoquent rien de particulier. C’est lui qui a organisé ce vernissage. A force de persévérance, d’entêtement, d’endettement, le mensonge était devenu réalité. Ses collègues à la poste de Bagneux seraient surpris s’ils le voyaient dans cette galerie du XVIe.
-" J'adore son sens des perspectives! Il revisite la profondeur pour créer des images incroyables. Et ces couleurs!..."
Le quidam qu'il à intercepté en face d'une photo racoleuse et sans âme semble être d'accord, mais il reste sans voix face à son éloquence...Un idiot! D'ailleurs il ne le connaît pas. Il ne l'a pas invité celui-là! Dans ce cas, rien ne sert de s'attarder.
-" J'ai été ravi!"
Aucun échange de noms, pas de poignée de main. Un carnet d’adresse ça se travaille. Pas la peine de ruiner son statut en donnant sa carte à quelqu’un sans importance…Il y a si peu de temps encore, c’était lui qu’on snobait. Allez, une tape sur l'épaule suffira, pas la peine de l’humilier en public. Etre condescendant c'est sa marque de fabrique. Il s'était dit qu'il devait l'être absolument pour parfaire son personnage. L'expérience lui a, à maintes reprises, prouvé qu'il avait eu raison.
Aujourd'hui c'est sa dernière représentation. L'apothéose d'une année extraordinaire. La concrétisation d'un rêve, mais également le début de la fin probablement. Aucun regret, ce soir c'est son anniversaire...Son ultime mensonge. Après les fêtes VIP, les vêtements hors de prix, les locations de palaces, la voiture de sport, c’était son troisième crédit. Ou peut-être le quatrième, il ne se souvient plus. Tout était passé dans l’organisation de cette fête. Ca sera grandiose. En attendant, il profite de son dernier vernissage et sirote sa flute de champagne en regardant dehors d'un air absent. Bientôt le surendettement, les huissiers, la rue…Et puis il y a ce type violet qui passe à poil sur son cheval. Un happening? Il y a de drôles de types à Paris tout de même.

mercredi 10 juin 2009

Le petit short blanc

Assis en terrasse, la buée perle le long de son demi pêche. Enfoncé dans son siège en osier tressé, il se demande ce qu'il fait ici, avec elle...Coïncidence? Non, elle l'a sûrement fait exprès. Il est à peine dix-neuf heures, le soleil à encore du chemin à faire avant de quitter l'horizon. Il fait chaud. Dans un troquet sans nom place Saint Michel, il regarde la vie grouiller, une main qui passe machinalement dans les longs cheveux blonds de sa voisine. Il a envie de tirer dessus de toutes ses forces. De renverser sa chaise et de rouer son jolie visage de coups poings. Elle lui sourit et amène une cigarette à sa bouche. Les volutes de fumée dansent à la surface de ses grandes lunettes de soleil. Il se dit que ce soir il vont faire l'amour et se demande comment ça va se passer. Va-t-elle l'embrasser tendrement sur le chemin du retour? Ses lèvres pulpeuses qui se posent un instant dans sa nuque, au coin de sa bouche, sur son oreille. Elle explosera sûrement dans un de ses rires tonitruants dans la rame de métro tandis qu'elle glissera discrètement une main dans son pantalon. Extravagante petite garce. Lubrique et sensuelle... Arrivé à l'appartement, elle fera mine de ne plus avoir envie de lui et s'assira sur le canapé devant la télé. Et tandis qu'il se préparera un martini dans la cuisine, elle surgira sans crier gare. A genoux, elle le rendra fou avec ses lèvres, avec sa langue.

Il sirote à nouveau sa bière sucrée en regardant les jolies filles à travers ses lunettes. Peut-être qu'il réussira à trouver mieux. A lui échapper. Elle glisse sa main contre sa cuisse et constate son érection. Elle part dans un de ces éclats de rire, graves et explosifs, qui l'énervent tant. Il la déteste car il est faible...Elle le tue à petit feu, lui vole toute sa sève. Il n'est plus lui même, il est son jouet, son esclave. Elle a volé son âme. Tout ça à cause de ce petit short blanc.

Il y a quelques mois, il était exactement au même endroit. Avec une fille différente...La femme de sa vie. Une grande brune, à la peau diaphane. Douce et intelligente. Celle qui devait un jour être la mère de ses enfants. Même si ces mots n'avaient jamais été prononcés, il les avait bel et bien pensé un jour au cours des deux années qu'avaient duré leur relation. Et voilà ce short blanc qui traverse sous ses yeux. Sulfureux petit bout de femme. Blonde flamboyante aux lèvres sensuelles, envoutante. Elle danse sur ses talons et s'accapare l'espace. Tout n'est soudain plus là que pour la faire briller. Les hommes se retournent, les femmes grincent des dents et la traitent de pute. Des hanches pleines qui dansent en rythme, des fesses fermes qui tendent ce short indécent. Une cambrure qui fait battre son coeur très fort. Il tremble. Il n'aurait jamais cru qu'une fille puisse un jour lui faire cet effet. Ces seins qui tendent son T-shirt échancré en un décolleté vertigineux. Elle n'a pas de soutien gorge, et il peut voir ses seins rebondir à chacun de ses pas. Galbés, parfaits. Son sang se met à bouillir. Il perd la raison. Il ne parvient plus à penser. Il a envie de la toucher. Enlever ses vêtements et parcourir son corps de ses mains. La pénétrer...Soudain il n'arrive plus à penser, il ne peut plus la lâcher des yeux. Il la veut. Il n'a jamais connu un désir aussi puissant de toute sa vie...

Il s'était levé, sans un regard pour sa compagne, pour aller la rejoindre. A sa hauteur, il l'avait attrapé par le bras. Elle s'était retourné et il l'avait embrassé. Elle s'était laissé faire en rigolant. Ce rire, qui aujourd'hui lui donne la nausée, mais qui alors, l'avait tellement excité qu'il en avait oublié la femme assise à la terrasse qui pleurait de rage. Maintenant il était coincé avec cette petite femme blonde, avec ce rire. Le diable en petit short blanc.