samedi 2 mai 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (4)

A l’intention d’Adrien Leblanc
25 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour,


Je ne connaissais pas la teneur exacte de votre mobilier, mais désormais j’en ai une idée plus précise. Je vous remercie encore pour cette dernière lettre. Je tenais d’ailleurs à vous dire que je vous avais aperçut en rentrant chez moi hier soir sur les coups d’une heure du matin. Vous faisiez du roller en robe de chambre dans notre rue. Je ne vous ai pas fait signe, de crainte de vous déranger. Vous avez l’air d’être un homme fort intéressant. En d’autres circonstances, je vous aurai invité à prendre le thé afin de partager notre goût commun pour la décoration. Mais dernièrement, je suis particulièrement accaparé par mon travail.

M. Leblanc, avez-vous déjà vu cette affiche dans la rue ? Celle avec un petit teckel au poil roux qui mange son caca en souriant. Il y a une inscription en grandes lettres blanches : « Mangez bio !Mais pas n’importe quoi… ». Plus bas on peut voir un pack de yaourts Oga auréolé de lumière blanche.
J’aime beaucoup cette publicité, elle est de moi. Oui, j’ai couché avec un stagiaire, je lui ai volé l’idée, et ensuite je l’ai licencié : donc elle est de moi. Tout le staff a applaudi pendant ma présentation. Le client était aux anges. Il m’a invitée à dîner le soir même pour que l’on couche ensemble. J’ai accepté car cela fait partie de mon travail.
J’aime beaucoup cette publicité, car l’idée est de moi. Les gens admirent mon travail, ainsi que mon visage, mes fesses et ma poitrine.

Selon vous, combien de personnes peut-on licencier d’un coup ? Je crois que je vais essayer de m’en rendre compte par moi-même demain.
J’espère que vous n’avez pas oublié que vous deviez m’assassiner ? Ne m’en veuillez pas, mais je suis très stricte sur les horaires et les rendez-vous. Pourtant dans mon travail, les gens arrivent à n’importe quelle heure de la journée pour faire acte de présence et justifier leur paye astronomique de créatif dans le vent. Mon emploi du temps est surchargé, et je ne saurai dégager d’autre jour pour notre petite affaire. J’attends de vous, beaucoup plus que de ces crétins. Je vous invite donc à me rendre visite à 21H30 Dimanche prochain. En espérant que cet horaire vous conviendra, je dois désormais vous laisser. J’ai en effet des affaires urgentes à régler.

A dimanche M. Leblanc, en attendant, portez-vous bien.

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